• On s'étonnera (peut-être) de ne voir sur mon blog que des figures masculines.
    Explication.
    L'univers où se voit contraint d'évoluer l'esclave grec de mon récit est un univers d'hommes (mines du Laurion). Les figures féminines qui le traversent sont éphémères.

    Il y a le souvenir de la mère, fatalement éclipsé par le souvenir déchirant du père : "Qu’as-tu trouvé à dire à ma mère, homme inéquitable ? Qu’as-tu osé lui raconter, qui lui garde sa jeunesse et son sourire ? Elle était belle, ma mère, elle était digne. Tu l’as trompée sur la noblesse de ton cœur. C’est un menteur qu’elle a épousé, lâche par-dessus le marché, qui n’hésite pas une minute à bannir en enfer celui qui lui a résisté ! Est-ce qu’elle sait où je suis, est-ce qu’elle a la moindre idée de ce que j’endure ? Si tant est qu’elle l’ait appris, espère-t-elle en ta clémence, t’implore-t-elle à genoux de me reprendre ? Ou bien comme toi a-t-elle repris ses activités sans jeter un regard sur l’extrême sud de l’Attique, ignorant celui qui sanglote et se tord les poings sans parler ? " (Fragments, P. 43)

    Il y a les rêves d'amour qu'il fait dans son sommeil. Le manque d'amour qui se fait ressentir : "...ou bien caresser, si tant est qu’on en ait gardé le souvenir, l’idée d’une femme…" (Fragments P. 133)

    Il y a la fille infortunée (celle qu'il appelle un papillon déchiré sur une échelle de bois dans les premières versions du récit) qu'il convoite, et à qui il se confie : "Une femme est avec nous depuis le début du froid. Il nous est strictement interdit de l’approcher en dehors de la galerie, sous peine de représailles immédiates. Elle ramasse le minerai derrière moi. Les couffins pesants lui courbent l’échine et lui tordent les bras. Un homme s’est risqué près d’elle au campement. Ils l’ont émasculé." (Fragments P. 122, 123)

    Il y a ces quelques autres femmes aussi qu'il désire et déteste : "Porteuses d’eau croupie, collectant les nourritures avariées, distribuant couvertures et manteaux sans un mot, les yeux baissés, confuses et blessées, leur sort est plus éprouvant que le nôtre et leur faible nature les expose à des dangers qui ne menacent pas tant les hommes. Prises entre l’invective mordante des gardes excités et l’obsession bestiale des esclaves frustrés, elles n’ont d’autre recours, pour garantir leur sécurité, que de faire semblant de ne pas exister.

    Je les plains mais je les maudis parce qu’il m’est pénible, à moi, de considérer leurs irrésistibles attraits dévoilés à mon désir, qui me font l’effet d’une poignée de figues fraîches offertes et refusées au palais d’un homme ravagé par la faim…………… (Fragments P. 133, 134)



    Il y a enfin cette rencontre étrange et déterminante qu'il fait un jour qu'il s'écarte par inadvertance de son groupe : "Je ne sais pas qui c’est. Je n’ai pas vu son visage. Il s’est éloigné sans prononcer un mot de plus. Il marche avec des semelles de liège. Il sentait le jasmin, ça je m’en souviens très bien. J’aurais cru respirer le parfum d’une femme. N’auront d’égards pour moi, si tel est mon destin, que les métèques et les pédérastes." (Fragments P. 166)

    Peu de femmes, donc. Quelques unes cependant comme autant de lumières dans sa nuit.


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