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    L'écriture littéraire, en tout cas la mienne, pour autant qu'elle s'attache à rapporter des faits ayant existé, prend toutes sortes de libertés vis-à-vis de cette réalité. Déjà, parce que cette réalité-là fut à l'époque vécue, perçue comme en un rêve éveillé (mécanisation du sujet). Ensuite, parce que ce sont cristallisées sur le noyau du vague souvenir d'indénombrables émotions qui puisent aux sources du fantasme et du questionnement. Enfin, parce que je ne veux pas, je ne peux pas, rapporter sèchement les faits bruts. Si je le faisais, je ne serais plus dans la littérature mais dans l'autobiographie et ce n'est pas du tout mon terrain de prédilection.

    Mais encore, chaque lecteur interprète mes textes à travers le prisme de sa propre histoire et de son propre ressenti. Chacun de mes textes, pour peu qu'on s'y intéresse, on m'en dépossède, on le fait sien.
    Voilà quelques unes des raisons pour lesquelles l'écriture littéraire n'est en rien la fidèle transcription d'un fait donné mais bien plutôt miroir déformant d'une réalité déformée.
    Ce n'est pas mentir qu'écrire de la poésie (ou tout autre genre littéraire). Ce n'est pas travestir la vérité. C'est rendre possible, avec la complicité du lecteur, l'existence de mille vérités.


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    C’est tous les jours dimanche

    Depuis que t’es plus là

    Je marche sur les planches

    De ma cabane en bois

    Cercueil de mon enfance

    Et toi ?

     

    Habites-tu ce monde

    Ou bien dans l’au-delà

    Dis-moi, où est ta tombe

    Dis-moi quelle est ta croix

    Je ne sais rien de toi

    Et telle est ton absence

    Sur cette terre immense

    Qu’importe peu ma foi

    Que tu existes ou pas

    J’ai froid

     

    Je cherche ma revanche

    Sur des chemins de croix

    Terreau des souvenances

    Où Lucifer fait loi

    Sans toi.

     

    © 2009 Collapsus, TS


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    Titre initial : Née de mes lectures de jeunesse, ma littérature profane (à propos de Fragments d'une vie brisée)

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    Tout ce que j'ai su de la Grèce avant d'y avoir été, je l'ai découvert dans un livre : Éros en Grèce, Textes de John Boardman et Eugenio La Rocca, Photographies d'Antonia Mulas, Robert Laffont, 1976.
    L'amour dans l'art et la civilisation, en Grèce : ...
    "Quelque chose qui guérisse le malade et console l'affligé, qui ranime le souvenir chez tous ceux qui ont été amoureux et instruise ceux qui ne l'ont pas été. Car personne n'a jamais tout à fait échappé à l'amour, et personne n'y échappera jamais, tant qu'existera la beauté - et des yeux pour la voir."


    J'y appris le sens de mots encore inconnus de moi : Erastai, littéralement "ceux qui aiment. Ermenoi, littéralement "ceux qui sont aimés". Symplegma, littéralement : "enchevêtrement", d'où sa référence, par extension, aux groupes érotiques.
    J'appris à reconnaître les vases :
    aryballos, amphoriskos, hydria, kantharos, karchesion, kylix, lekythos, oinochoé, péliké, psykter, stamnos.


    A la même époque, je lus L'été grec de Jacques Lacarrière et  La couronne et la Lyre, Anthologie de la poésie grecque ancienne, traduction de Marguerite Yourcenar.

     

    eros-en-Grece.jpgl'été grecla couronne et la lyre

     

    Mais l'amour des temples et des vieilles terres nous vient-il des livres ? Je partis en Grèce et crus y reconnaître ma patrie. La blanche Athènes, Délos l'île-musée, Mykonos l'île au pélican, l'âpre Cythère, et Nauplie, Sparte, Delphes, Olympie...

    Pour trouver mon chemin je m'appuyais sur un ouvrage des plus précieux, qui retraçait l'historique du moindre village perdu dans la montagne. Ce n'était plus Éros en Grèce mais les guides bleus, Hachette, 1979, Grèce.

     
    Un pavé de 850 pages écrit tout petit tout petit. Si petit que pendant des années je ne lus pas la page 359 jusqu'au jour où.


    Cap Sounion - Laurion, Lavrion.
    Le Laurion est peut-être le plus ancien témoignage de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui la pollution industrielle...


    Mais quel était donc cet endroit qui déflorait brutalement ma vision idéale de la Grèce ?


    Le Laurion, source d'argent et trésor de la terre.
    Quelques athéniens y firent de grosses fortunes. Pour y travailler, il y eut jusqu'à 10 000 et même 20 000 esclaves, achetés par les industriels sur l'Agora d'Athènes, où des ventes avaient lieu à chaque nouvelle lune. Durement traités, ils devaient vivre sans famille, afin de réduire les frais d'exploitation.


    La lecture de ces trois lignes donna naissance à mon récit Fragments d'une vie brisée.


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