• printempsdepoetesbor-c62rLa 15e édition du Printemps des Poètes se tient à Lyon et l'agglomération lyonnaise du 9 au 16 mars 2013, sur le thème « Les voix du poème » 

     

    Séparateur livres


    « Ainsi, j’ouvre des livres comme une certaine fureur ouvrait la bouche de l’oracle − et tes mots disent ce que je cherchais, eux qui ne l’avaient jamais dit avant que je le cherche. »


    Bernard Noël, La Chute des temps


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  • Pour ne pas rester sur un article susceptible de choquer et blesser les croyants (mon article  Rendre son visage " dur comme pierre " publié dans la communauté d'Orfée), je souhaiterais partager avec vous une prière du père Michel Quoist (1921-1997), prière qui vaut le plus beau des poèmes d'amour.


    Arbre serpent 13

    © Thaddée, avril 2012

     

     

    Les branches mortes

     

    La branche morte,

    celle qui jamais plus ne portera de feuilles nouvelles,

    ni de fleurs ou de fruits,

    celle que la vie a désertée pour toujours....

    Il lui reste une possibilité merveilleuse :

    accepter d'être jetée dans le feu,

    et celle qui ne servait à rien devient lumière et chaleur

    pour ceux qui sont dans la maison.

    Je t'offre ce soir Seigneur

    les branches mortes de ma journée.

    Je sais qu'au feu de ton Amour

    elles seront transformées !

     

    [père Michel Quoist, 1921-1997]


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  • Les exclus de la littérature sont poètes, et les poètes souvent exclus... A vos plumes, amis des Muses, notre journal vous ouvre ses pages...

    Ces lignes, je les ai lues à la page Poésie du journal mensuel Sans Abri. Je l'ai payé 2€. Un peu plus tard je me suis dit : "T'es bête, tu aurais pu donner au moins 5€ à cet homme, 2 pour son journal, 3 pour lui". Bien que 3€, ça ne pèse pas bien lourd de nos jours, surtout quand on n'a pas de toit.

    Sur un banc au soleil j'ai commencé à lire le journal et page 3 : Poésie. Pas moins de six poèmes, pour certains signés d'un simple prénom, pour d'autres du nom entier. J'ai retenu celui d'un anonyme. Saturé de désespoir et de colère, il porte au coeur. Je vous laisse en juger.

    plume artipik- A  toi, qui est mort dans la rue -

    Bruits du matin, poubelles, klaxons, réveil.
    Mal à la tête, trop bu hier. Yeux hagards.
    Courbatures. Dur le sol du hangar.
    Froid, pluie, pas de soleil.
    Teint et ciel blêmes. Envie de gerber. Quel jour de merde !
    Heureusement la bouteille de vin n'est pas vide.
    Rasade, chaleur, partir avant d'être chassé.

    Quel monde, quelle vie. Pas moyen de s'en sortir.
    Plus de but, sinon manger et se coucher.
    Commencer à mendier.
    Rasade, aller encore une pour affronter les regards :
    Méprisants, indifférents, fuyants, gênés.
    Très peu de regards normaux pour voir la réalité.
    L'être humain et non le clochard.
    Quel monde. Quelle vie. Pas moyen de s'en sortir.
    Un jour en foyer, des fois deux. Puis la rue, un ou plusieurs jours.
    Puis de nouveau foyer.
    Et ça continue sans fin.
    Mais pas souvent sans faim.
    Ce matin pas moyen de se laver.
    Ni de se raser.
    Plus d'importance.

    Quel monde. Quelle vie. Pas moyen de s'en sortir.
    Jamais de proposition de travail avec un salaire.
    Pas de travail, pas de logement. Et pas de logement, pas de travail. Comment faire ?
    Services sociaux inutiles, sauf pour ceux qui travaillent dedans.
    Police, justice, factices, au service du pouvoir et de l'argent.
    Et pourtant de partout il est écrit liberté, égalité, fraternité. Quelle connerie !
    Même les églises sont souvent fermées.

    Quel monde. Quelle vie. Pas moyen de s'en sortir.
    Les riches et les puissants de tous les pays, volent, pillent, exploitent les pauvres.
    Et avec ce qu'ils gagnent grâce à cela, ils font des dons.
    Afin de s'acheter une conscience ou peut-être un salut.
    Qu'est-ce que les riches et les puissants sont bons.
    C'est grâce à eux que je ne meurs pas. Que cette vie de chien continue.
    Quels salauds !

    Quel monde. Quelle vie. Pas moyen de s'en sortir.
    Pourquoi suis-je né ?
    Vivement la fin, sans regrets.
    Qui sait, s'il n'y a pas de vraie vie pour moi avant la mort,
    Peut-être y aura-t-il une vraie vie après la mort?
    Au pire ce sera le néant.
    De toute façon, ce sera mieux que maintenant.
    Quel monde. Quelle vie. Pas moyen de s'en sortir.
    A ma mort pas de messes dans une cathédrale ou une église
    Je suis quelqu'un sans importance.
    Le Dieu des pauvres n'a guère suscité d'églises
    Totalement Au service des vrais pauvres.
    Pendant ma vie, je n'ai dérangé presque personne.
    Ma mort, elle ne dérangera personne.
    Elle ne vous empêchera pas de dormir.
    Faites de beaux rêves. Faites la fête pour oublier les autres.

    Quel monde. Quelle vie. Pas moyen de s'en sortir...
    Sauf en mourant.

    Anonyme
    Sans Abri, Journal pour lutter contre la précarité, N°157
    Supplément mensuel à l'Itinérant
    France, Belgique, Suisse


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