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    Les machines à Chappe, c'est ainsi qu'on appelait ses tours du télégraphe. Celle de Sainte-Foy se visite entre 14:30 et 18:30, pour 1,50€, le 1er dimanche de chaque mois. Ici, je suis dans l'escalier en colimaçon qui monte à la "machinerie". J'ai une vue plongeante sur la petite pièce du bas, là où mangeait et dormait le stationnaire.

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    Le matelas est garni de maïs ou quelque chose comme ça, qui craque au toucher. Si le stationnaire devait dormir et manger sur place, c'est parce qu'il lui fallait être à son poste avant le lever du soleil jusqu'après le coucher du soleil, et qu'il ne pouvait guère marcher dans la neige, de nuit, pendant des heures, pour rejoindre son lieu de travail dans les temps impartis. Ceux qui pouvaient dormir chez eux, c'était ceux qui travaillaient dans les stations installées au sommet d'édifices tels que des églises. Cette pièce exiguë était chauffée par un petit poêle.

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    Ici, quelques aperçus du mécanisme au premier étage de la tour, sous le toit. Les roues sont en bois d'orme, qui se fend mais ne pourrit pas comme le bois de chêne.

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    Tout le mécanisme a été reconstitué, d'après les plans originaux, bien quelques années après la restauration de la tour Chappe de Sainte-Foy. Cet ensemble gigantesque et très pesant a été apporté sur place avec une grue, il y a dix-huit ans. Il se détériore peu à peu, c'est pourquoi il est important de visiter la tour et d'observer son fonctionnement avant que les roues et les poulies ne puissent plus remplir leur office. Un jour, la tour n'émettra plus de signal. Les visiteurs ne pourront plus assister à ces démonstrations passionnantes qui illustrent si bien l'ingéniosité de Claude Chappe, inventeur de ce système au 18ème siècle et qui fut aidé par ses trois frères pour mettre en place toutes les tours.

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    Les Anglais puis les Allemands ont copié les tours du télégraphe mais ont dû faire des tours un peu différentes adaptées au relief de leur pays. Bien sûr, ces tours devaient être placées en hauteur pour qu'on puisse voir clairement leurs signaux. Elles seront bientôt remplacées par un système de communication plus rapide, le morse. Mais il faut savoir qu'un message envoyé par télégraphe ne prenait pas plus d'une heure, ce qui était un record à l'époque, si l'on considère qu'un courrier acheminé par les chevaux prenait jusqu'à trois ou quatre jours pour arriver à destination.

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    Voici une maquette de la tour Chappe de Sainte-Foy avec son mécanisme au premier étage. On peut voir que le bras articulé émet un signal. Ces signaux, 92 en tout, sont inscrits dans un livre d'encodage auquel seul le directeur de la station a accès. Les mots, les expressions (ex : en même temps), les courtes phrases (ex : il est temps de contacter la ville) sont classés par ordre alphabétique dans ce livre d'encodage. Deux codes leur sont associés.

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    Imaginons que la tour de droite ait un message à envoyer à la tour de gauche. L'employé de la station de droite va lire les deux codes correspondant à un signal qui lui-même correspond à un mot, une expression ou une courte phrase, mais dont il ignore le sens puisque seul le directeur de la station peut avoir accès au livre d'encodage. La tour de gauche peut voir le signal émis par la tour de droite, grâce à une longue-vue. Elle-même, alors, peut relayer ce signal auprès d'une troisième tour, ainsi de suite jusqu'à la tour destinataire du message.

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    La tour destinataire du message a reçu tous les signaux composant le message, signaux qui correspondent à des codes. Le directeur de la station peut à présent consulter son livre de décodage, sachant qu'un mot correspond à deux codes : le premier code renvoie à la page du livre de décodage ; le deuxième code renvoie à la ligne de cette page. Il découvre alors le mot associé à ces codes et peut déchiffrer l'intégralité du message.

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    Ici, l'employé de la station en blouse de travail, à son poste avant le lever du soleil jusqu'après le coucher du soleil. Il reçoit et envoie les signaux émis par d'autres tours du télégraphe sans connaître le sens du message. Il faut savoir que ces messages véhiculent en grande majorité des informations et des instructions d'ordre militaire. On peut comprendre aisément qu'il faille respecter la confidentialité des messages, lesquels restent secrets tout au long de leur acheminement.

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    De près, la table où se restaurait l'employé de la station avec une partie du portrait de Claude Chappe, l'inventeur de la tour du télégraphe. Mobilier sommaire et fonctionnel pour un "messager" qui passait toutes ses journées sur place, hiver comme été.

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    Une photo "officielle" de la tour de Sainte-Foy, restaurée dans les années 80, à laquelle on a rajouté son mécanisme il y a 18 ans. Vous observerez que le bras articulé émet un signal.

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    Pour me prouver que ses manoeuvres à l'intérieur correspondaient bien à un signal visible de l'extérieur, mon adorable guide, un monsieur d'un certain âge a attendu que je me place devant la tour pour observer les bras articulés en mouvement. Ce qui est frappant, c'est la souplesse avec laquelle se déplient et se replient ces bras. Je vous assure que c'est quelque chose d'extraordinaire à regarder. L'idée qu'un jour ce mécanisme s'arrête de fonctionner pour toujours, ça me donne des regrets.

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    Le livre d'encodage était régulièrement mis à jour, enrichi de nouveaux codes correspondant à des mots, des expressions, de courtes phrases. Parmi ces codes il y avait ce qu'on appelle : des signaux de service, qui n'étaient pas des messages à proprement parler mais des moyens de faire savoir aux employés des tours tout ce qui pouvait les intéresser, en matière de visibilité par exemple. On pouvait aussi leur signifier qu'ils avaient droit à 2 heures de répit. C'est ce qu'on appelait les signaux de service. Le dernier signal de service signifiait : fin de message.

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    Signal de service : fin de message


    Voilà. J'ai enfin pu terminer cet article commencé ce dimanche en fin d'après-midi. Il m'a fallu plusieurs heures avant de le boucler. Mon ordinateur fonctionne de moins en moins bien, c'est une vraie prise de tête pour arriver à faire quelque chose sur mon blog, d'où mon absence. J'aurais besoin de beaucoup de temps libre pour arriver à rédiger un article par jour et ce n'est pas le cas. Le chargement d'une page peut me prendre jusqu'à un quart dheure, il y a de quoi s'arracher les cheveux. Difficile donc, voire impossible, de vous rendre visite. Je n'ai pas encore pu lire et valider vos commentaires, c'est tout dire. Je profite de cette connexion "miraculeuse" pour vous souhaiter une bonne semaine et vous embrasser. A bientôt ... si l'ordi veut.


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  • DSCI0013.JPGLa ville romaine de Lugdunum (Lyon), fondée en 43 avant J.-C. sur la colline de Fourvière, était la Capitale des Gaules. Ses habitants (évalués à 35 000 environ) étaient alimentés d'eau pour leurs maisons, thermes, fontaines et bassins, par quatre aqueducs.

    DSCI0014-copie-1.JPGL'Aqueduc du Gier était de loin le plus important des quatre : 86 km de longueur, depuis la zone de captage au pied du Mont Pilat jusqu'à Lugdunum, vers Fourvière.

    DSCI0016-copie-1.JPGLa datation de cet aqueduc et des trois autres a été longtemps discuté. Il l'est encore, et je vous fais grâce des hypothèses diverses et variées ... Il semblerait qu'on ait plus ou moins fixé la datation des aqueducs à l'époque de Claude, c'est-à-dire grosso modo entre 20 et 40 après J.-C.

    DSCI0017-copie-1.JPGLa datation de l'abandon de l'aqueduc est aussi discuté mais des thermes romains sur Fourvière étaient encore en état de marche à la fin du troisième siècle. On peut alors penser que l'abandon de l'aqueduc est intervenu au quatrième siècle quand Fourvière a été abandonné et le centre de la ville déplacé vers la Cathédrale et le Vieux Lyon.

    DSCI0020-copie-1.JPGL'Aqueduc du Gier traverse 23 communes : 11 dans la Loire et 12 dans le Rhône. Si le tracé représente une longueur de 86 km, la distance à vol d'oiseau est seulement de 42 km. La raison en est que le tracé de l'aqueduc doit répondre à la contrainte d'une pente faible et suivre au plus près les courbes de niveau. La structure de l'ouvrage est essentiellement souterraine (canalisations, tunnels) pour près de 89% et aérienne pour le restant (4,5 km de murs, files d'arches et pont canal + 5 km de siphons). Les quatre aqueducs de Lyon représentent le plus grand assemblage de siphons (9 ou plus) du monde romain et environ le quart des siphons romains connus.

    DSCI0023-copie-2.JPGDepuis 2003, à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine, le 3ème week-end de septembre, coordonnées par le Grand Lyon, des visites sont proposées, sous forme de randonnées-découvertes du tronçon de Sainte-Foy-lès-Lyon à la sortie de Chaponost. Elles sont organisées par le Service Vie Culturelle et Coopération Internationale de Sainte-Foy. Deux thèmes en un : l'Aqueduc du Gier par le Chemin de St Jacques de Compostelle.

    Inaugurée en 2010 La Maison de l'Aqueduc propose aussi des expositions sur le patrimoine gallo-romain.

    DSCI0024-copie-1.JPGSource : documentation de la Maison de l'Aqueduc, 69, route de la Libération, Sainte-Foy-lès-Lyon


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  • DSCI0019-copie-1.JPGUn intermède couleur dans cette série du pont siphon de Beaunant. Je n'avais guère envie d'ôter leurs couleurs à ces jolis bacs de fleurs, lesquelles représentaient, hier en fin d'après-midi, l'unique lumière au milieu des averses. Cette partie-là de l'aqueduc du Gier se trouve de l'autre côté de la route de la Libération à Sainte-Foy-lès-Lyon. Cette partie-là de l'aqueduc est donc séparée de la deuxièmes partie (article précédent) par une route à grande circulation. La Maison de l'Aqueduc se trouve à droite et c'est là qu'on peut s'inscrire pour des visites guidées le 3ème dimanche de chaque mois pour la somme modique de 2 ou 3 euros. C'est là que j'ai vu la maquette de démonstration d'un pont siphon, réalisée par des enfants ... dont les papas sont ingénieurs.

    DSCI0021-copie-1.JPGVous avez bien vu : il y a une voiture garée sous l'une des arches. Cela n'a rien d'extraordinaire : certaines arches sont même aménagées pour servir de portail à des résidences privées. Habitat troglodyte pour certains véhicules, bien à l'abri de la pluie sous l'aqueduc romain.

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    Sur cette pancarte blanche est inscrite l'interdiction formelle de grimper sur le pont siphon : risque d'éboulement, chutes de pierres ... un accident est toujours possible et si vite arrivé.


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