• Ma joie de vivre, Denise Legrix (Partie1 )

    Denise-Legrix.jpgDon de la nature, un tableau de Denise Legrix, peintre de la bouche

     

    Née comme ça

     

    Née en 1910 à Cahagnes dans le Calvados, Denise Legrix décède centenaire en 2010 à Lisieux dans le Calvados.

    ... Tout commence avant-hier : Tandis que je mange, mes yeux se promènent évasivement sur le titre des livres qui surchargent ma bibliothèque. Un titre qui ne me dit rien, soudain retient mon attention : "Ma joie de vivre". Tiens, me dis-je, c'est quoi ce livre, je crois bien ne l'avoir jamais lu. Pour en avoir le coeur net je prends l'ouvrage en main. Là, je me fige : sur la couverture en photo, une femme très belle avec des moignons à la place des bras.

    Denise Legrix est née comme ça : sans bras ni jambes. Elle est atteinte de dysmélie : c'est un handicap physique caractérisé par la malformation, ou l'absence, des os longs des bras ou/et des jambes.

    Dès son plus jeune âge, Denise n'entend pas rester le pantin qu'on fait chanter sur la table : elle travaille de toutes ses forces au gain de son autonomie. Mettant le moindre tabouret à contribution pour se déplacer toute seule sans l'aide de personne. Il en va de même avec ses repas, sa boisson, qu'elle prend par elle-même ; elle apprend à écrire ("Le papier accepte tout. Quel incomparable confident ! ") ; elle se met à la couture ... mais surtout se découvre très jeune une vocation pour la peinture. Rien ne peut venir à bout de sa volonté, de son courage et de sa ténacité. Denise Legrix se fera connaître comme étant une peintre de la bouche. Elle est aussi l'auteur d'un premier livre "Née comme ça" qui sera traduit en sept langues et qui lui vaudra en 1960 le Prix Albert Schweitzer.

    Et du courage il lui en faudra pour surmonter son handicap, les terribles ragots des voisins, l'impensable cruauté des forains qui séquestrent, exhibent, exploitent "la femme-tronc".

    C'est là qu'on se dit : faut-il vraiment laisser vivre un enfant dont on sait qu'il souffrira toute sa vie d'une horrible infirmité, le livrant au regard et au jugement impitoyables des autres. Denise elle-même, sitôt qu'elle est en âge de raisonner, se pose la question : "Pourquoi le bon Dieu l'avait-il fait ? (Finaud le canard boiteux) Et moi ? Étions-nous des sacrifiés ? J'entendais bien monsieur le Curé, quand il passait à la maison, répéter que j'étais bénie, que les enfants disgraciés étaient ceux que le bon Dieu aimait le plus. Drôle de façon d'aimer, avouons ! Non ! Une simple distraction du ciel".

    D'un autre côté ... cette enfant est en si bonne santé, elle se bat tellement pour s'en sortir : de quel droit l'aurait-on empêchée de vivre ?

    "Et je couds, je fais de la tapisserie - une descente de lit pour Francette (sa poupée préférée) - tout en continuant à épier les battements de mes tempes et du temps."

    "Ma joie de vivre" est un livre dur, surtout dans ses premières pages où l'auteur décrit les apprentissages tous plus ardus les uns que les autres de sa petite enfance en marge, sans jambes et sans mains. Je dirais qu'il faut s'accrocher pour surmonter un premier réflexe ... de rejet. Une fois qu'on a franchi le cap des tout premiers apprentissages, on se prend d'envie d'avancer à toute vitesse dans le récit de ses épreuves et de ses exploits. Des épreuves qui, bien souvent, nous feront revoir à la baisse nos petits soucis de santé, nos petits tracas quotidiens. C'est vrai : qu'est-ce que nous ferions sans nos mains ?

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 16 Juin 2013 à 13:11
    fanfanchatblanc
    Depuis des années j'apporte ma petite obole à la Société d'édition des Artistes Peignant de la Bouche et du pied. Ces artistes outre leur courage ont un talent étonnant mais certain. J'ai une admiration sans borne pour ces personnes au courage démesuré..
    Bises
    2
    Dimanche 16 Juin 2013 à 13:40
    Thaddée

    Moi aussi je donne un petit quelque chose pour ces peintres. Mais maintenant que j'ai lu ce livre je crois que j'achèterai, en plus, quelque chose. Quel mérite ils ont !

    C'est avec un grand plaisir que je te lis fanfanchatblanc, c'est mon premier commentaire depuis deux mois, autant dire qu'il compte à mes yeux. Bon après-midi à toi, à très bientôt pour te lire sur ton blog.

    3
    Dimanche 16 Juin 2013 à 18:07
    Thaddée

    Ah oui, c'est une vraie rencontre que j'ai faite en lisant son livre, et c'est une lecture qui touche au plus profond, vraiment. On ne peut que ressentir de l'admiration et de la sympathie pour cette femme extraordinaire qui non seulement "s'en est sortie", mais qui a tellement apporté aux autres. Bon début de soirée Midolu, Félix et moi on t'embrasse très fort.

    4
    midolu
    Samedi 14 Décembre 2013 à 10:12
    midolu
    Bonjour Thaddée,
    Denise Legrix a fait beaucoup plus dans sa vie que la plupart des gens dotés de tous leurs membres. " L'adversité " lui a demandé davantage d'efforts et d'inventivité, et cela a servi, et pas seulement pour dépasser son handicap.
    Merci de lui rendre hommage dans ces articles, c'est une femme qui donne à réfléchir sur la vie, sur nos vies.
    Bonne fin de journée, Thaddée.
    Bises dominicales.
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