• Par Thaddée © 8 décembre 2013, Catharsis

     

     

    Moi je porte des pierres / Pour nourrir la montagne / Et j’apporte de l’eau / Pour déborder la mer / Je transporte des fleurs / Pour rafraîchir les villes / Et puis dans mes valises / Tout mon amour pour toi

    J’invite le soleil / Aux tuiles de ton toit / La lune et les étoiles / Au chevet de ton lit / La douce pluie de sable / Aux portes du sommeil / Et puis dans mes valises / Un livre écrit pour toi

    Je marche sur la grève / Et gravis la falaise / L’orage ni la neige / N’arrêtera mes pas / Je porte mes valises / Et j’avance vers toi

    Les herbes ébouriffées / Se mêlent à tes cheveux / Le ciel sert de miroir / A tes regards bleu-gris / La chaleur de ta chair / A le parfum du blé / Je marche et marche encore / Dussé-je me blesser / Mon amour mon amour / Aux cailloux de la route

    Si les caillots du doute / Me montent au cerveau / De vingt cerfs-volants rouges / Egarent ma raison /Si je tremble si je tombe / Que tu doives m’attendre / Encore trente secondes / Sois sûre au fond de toi / Que malgré tout j’arrive / Même si mes valises / Me tirent sur les bras

    Mon amour me voilà

    Et l’air sent le lilas / Parce que c’est le printemps / Saison des sentiments / Et de la renaissance / Il n’y a plus d’hiver / Si tu veux croire en moi / Les univers sont vierges / Au jeune aventurier / Qui laisse la tristesse / Au pied du vieux platane / Ayant jeté la clé / De l’horrible cabane / Et s’étant délivré / Des mauvais souvenirs

    Mais je porte des pierres / Et de bien sombres livres / Qui pèsent un peu trop / Dans mes pauvres valises / Il n’y a pas de route / Qui me conduise à toi / Pas de sable ou de sel / Qui dessèche mes plaies / Ni de rêve éveillé / Parce que la place est prise / Et que mon cauchemar / Avait les yeux bleu-noir

    Je suis dans ses valises / Un tout petit trou d’air / Un petit peu de terre / A peine suis-je moi / Que des bris de miroir / Absence de mémoire / Un grand puits noir et froid..


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  • A la veille de Noël, voilà que ma vieille nervosité me reprend. Cela n'a rien à voir avec le stress de la course aux cadeaux. Non plus qu'avec le souci de préparer le repas du Réveillon. Rien de tout ça. Mais voilà : pour moi, Noël, c'est le vitrines et les rues illuminées, les sapins, les jouets. C'est la magie, la féerie, le merveilleux. C'était aussi, fut un temps, la famille. Mais depuis l'année dernière ... je ne saurais préserver ce rêve et cette joie enfantine de l'intrusion, dans ma vie, d'un Dieu totalitaire et malfaisant.

    Je veux rester intègre et, en même temps, ne pas blesser les miens par un rejet trop brutal de la religion.

    C'est là qu'est le problème, et là que le bât blesse. Comment rester ce que je suis (agnostique) sans m'attirer les foudres des croyants (surout des pratiquants). Alors je fais semblant. Du moins, je m'efforce de comprendre et d'accepter, même si tant de religiosité me dépasse et me stupéfie. Je m'efforce même de m'interesser aux raisons qui poussent mes proches à épouser aussi passionnément la cause de Dieu. Je travaille avec le coeur, tout en veillant à rester libre dans ma tête. Parce que je ne veux pas qu'on me rallie de force, ou par la persuasion, à quelque cause que ce soit. Je crois : que la foi vient de soi, qu'elle ne peut pas être imposée, ou "soufflée" par les autres.

    L'année dernière à la même date, j'ai dû résister à des pressions psychologiques qui s'apparentaient plus ou moins à de la manipulation, à un lavage de cerveau.

    Je sais que la première mission d'un chrétien, c'est de porter et de transmettre le message de Dieu. Mais je n'adhère pas à cette façon de faire, qui consiste à vouloir déteindre sur les autres (entendons par là les agnostiques, les non croyants, les non pratiquants).

    J'ai toujours eu à coeur de suivre mon propre chemin. Et si j'ai appris à respecter la pensée et l'engagement des traditionalistes, je n'écoute, pour ma part, que ma propre conviction.

    Je ne dis pas que Dieu est absent de ma vie. Je prie, quelquefois. Le plus souvent pour remercier, ou pour le repos de mes chers disparus. Mais je souhaite plus que tout me garder des génuflexions, chapelets et messes à répétition. Mon existence n'est pas si vide, qu'il me faille la combler de la sorte.

    Je ne juge personne. A chacun sa route. Mais je refuse qu'on me "convertisse à tout prix".

    Cette "trouille de l'avant-Noël" qui va empirer jusqu'au 25 décembre m'a inspiré quelques lignes assez sombres, lesquelles jurent, à mon grand regret, avec l'humeur légère, enjouée, qu'éveillent par ailleurs les préparatifs des Fêtes de fin d'année. J'adore la fête de Noël qui me rappelle les soirées délicieuses de mon enfance, les valses de Vienne qu'affectionnait mon grand-père, et la vitrine du magasin de jouets de Valence. J'adore la magie du givre constellant les petits carreaux de nos fenêtres, et le silence ouaté des rues enneigées toutes pailletées d'or et d'argent. Je fais ma crèche au Premier Dimanche de l'Avent, et n'y dépose le petit Jésus que le 24 décembre au soir. Même, il m'est arrivé de me rendre à la messe de Noël, et d'en ressortir avec des envies de danser, et de remercier le ciel d'être en vie, et d'avoir encore ma maman. Je ne nie pas qu'il émane des nuits de Noël ce charme impalpable d'une présence surnaturelle, et quelque chose d'une chaleur humaine qui veut bien me faire croire que nous sommes tous frères et soeurs sur la terre ds hommes.

    Mais.

    Trop c'est trop.

    Et moi qui n'ai pas du tout l'esprit mathématique, je fais trop confiance à la science pour croire naïvement qu'Adam et Eve, le serpent, la pomme ...

    Et je ne veux pas perdre mes jours à me repentir de je ne sais quel péché. Je ne veux point les confesser. J'ai ma conscience pour moi. Et Dieu n'a rien à voir là-dedans.


     

    Le temps file sa laine

    Il a tondu nos vies

    Nous sommes vieux et maigres

    Mortellement aigris

     

    Les hommes sont tombés

    Sous les obus les bombes

    Il reste moins d'humains

    Qu'on ne compte de tombes

     

    La religion la guerre

    Opposent tout le monde

    On dit qu'on croit en Dieu

    Mais on se tue l'un l'autre

     

    Et le temps se tricote

    Un manteau séculaire

    Il continue sans nous

    Qui terminons sous terre.

    Dieux antiques et modernes

    Ont enfanté des monstres

    Qui s'éventrent en leur Nom.

     

    Si Dieu n'existait pas

    Qu'aurions-nous inventé

    Pour nous entretuer ?

     

     

    Thaddée - Catharsis, 7 décembre 2013

    Je crois au Père Noël

    Et ne crois pas en Dieu

    Parce que le premier donne

    Et que le second prend.

     

     

     

     

     


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  • Par Thaddée © 29 novembre 2013, Catharsis

    Colonnade.jpg

    Colonnade, Hervé Bindefeld, photographe (in)achevé

     

    Vous m’accusez de vol

    Et je devrais me taire !?

    Ma foi vous êtes folle

    Ou vous en avez l’air !

     

    Si j’avais dû voler

    J’aurais pris vos bijoux

    J’aurais pris vos tableaux

    J’aurais volé plus haut

     

    Que ces deux cache-pots

    Qui vous donnent prétexte

    Comme on fait de la peste

    A m’éloigner de vous

     

    Si j’avais dû voler

    Je l’aurais fait plus tôt

    N’aurais pas attendu

    Deux ans trois ans et quelque

     

    Si je voulais voler

    J’imiterais l’oiseau

    Qui embrasse le ciel

    En étirant ses ailes

     

    Vous n’avez pas de preuve

    Et de mon propre aveu

    Je n’ai jamais rien fait

    Dont je puisse rougir

     

    Mais quand tombe le soir

    On se trouve bien seul

    Du côté des voleurs

    A redouter le pire.


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