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    Pour raisons professionnelles je devais me rendre à cette adresse. Imaginez ma surprise et mon désarroi quand j'arrivai devant le portail.

    Je vérifie dans mon carnet de RV (professionnels) que je me trouve au bon numéro de la rue. C'est en effet le bon numéro. Enfin, c'est ce que je déduis péniblement du fait que les numéros voisins sont très proches de celui que devrait indiquer le portail de cette maison qui n'en affiche plus aucun. En pleine confusion, je me pose alors des tas de questions : "Est-ce qu'ils sont morts, ces gens que je devais rencontrer et que je n'aurai plus l'occasion de connaître ? Comment se fait-il que mon "commanditaire" ait eu l'idée saugrenue de m'envoyer ici ? Ignorait-il donc qu'il y avait eu un incendie ? "

    Les ruines sont refroidies. Ça ne sent pas la fumée. La maison n'a pas brûlé cette nuit, ni la veille, ni même l'avant-veille et qui plus est... le site est d'une exceptionnelle beauté, je me décide à le photographier, en hésitant un peu, comme si je profanais un endroit rendu sacré par le sort funeste, comme si je violais un peu plus la vie privée de ses anciens occupants, désormais amputés de leurs souvenirs et peut-être même de leur avenir. Je prends des photos, et je rebrousse chemin.

    De retour chez moi je contrôle encore une fois que je n'ai pas fait erreur sur ma destination. Là, je me rends compte que j'étais au bon numéro... d'une rue différente de celle où je devais aller. Ma première réaction en prenant conscience de ma (légendaire) distraction fut de me dire avec soulagement : "Ils sont vivants."


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  • Ces derniers temps j'ai du mal à m'endormir. Pour quelles raisons, c'est une autre histoire. Il n'est pas rare que je me relève une, deux, ou trois fois, fumer une cigarette et jeter un coup d'oeil par la fenêtre qui donne sur le jardin. Lequel, d'habitude, à ces heures, est complètement noir.

    Hier soir, donc, je me relève et je m'en vais à la fenêtre observer les nuages. C'est toujours un spectacle admirable, que le ciel noir chargé de formes blanches. Il y a, toutes les nuits, quelque chose de fantasmagorique, et même d'irrésistiblement surnaturel, au-dessus du petit chemin d'eau qui descend vers chez moi.

    Mais ce soir il n'y a pas que les nuages qui soient surnaturels. La moitié du jardin est éclairée par une lumière blanche très crue qui semble venir... d'en haut. Sous les arbres, tout est martelé, comme constellé de cubes de glace. Telle est ma stupeur que je reste là à scruter ce phénomène pour le moins surprenant sans penser à me saisir de mon appareil photo. Et pendant que je cherche vainement à comprendre ce qui peut éclairer de la sorte la moitié du jardin, la moitié seulement, l'obscurité revient d'un coup, mettant un terme à l'hallucination !

    Je vais me recoucher, mais dans mon trouble cette image du jardin rempli de cubes de glace, qui rappelait un cimetière, me poursuit, se fixe dans mes yeux et dans ma tête si bien qu'en sursaut je me redresse pour retourner à la fenêtre m'assurer "que tout est normal". Effectivement : le jardin est maintenant plongé dans des ténèbres... plus ou moins rassurantes. Au-dessus, dans le ciel, des étoiles scintillantes font un demi-cercle. Je n'avais jamais observé que les étoiles formaient un cercle. C'est ainsi qu'une angoisse insidieuse me poursuivra tandis que je cherche le sommeil. Malgré moi je pense à ces gens qui disent avoir été enlevés, soumis à des expériences affreusement humiliantes et douloureuses, et renvoyés chez eux parfaitement traumatisés.

    C'est la deuxième fois, depuis que j'habite ici, que je me trouve nez à nez avec des manifestations "extraterrestres". Je parlais déjà d'un vaisseau spatial dans un précédent article ICI. Est-ce que je perds la tête ? "Avant", je communiquais avec les esprits. J'avoue : je préférais. Les fantômes c'est humain. Les extraterrestres ne le sont pas !


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  • Ce que je vais raconter s'est produit quelques jours avant Pâques de cette année.

    Un soir que je me promène je tombe en arrêt devant les carreaux orange d'une petite maison, qu'éclairent les dernières clartés du jour. C'est si beau que je le vois déjà en photo. Seul problème : moi qui ne me déplace jamais sans mon APN, ce soir je ne l'ai pas. Alors je fonce chez moi parce que le compte à rebours a commencé : le jour décline, et dans moins de dix minutes il fera trop sombre pour que je puisse réaliser la photo de mes rêves. Chez moi j'attrape mon cher Polaroïd vieux de six ans, je ferme la porte... et je me fais aborder par des voisins qui se sont mis en tête de me raconter leur vie. Que faire ? - Nous engageons la conversation. Le temps passe et je me répète avec regret : "C'est fichu pour la photo". Aussitôt que mes voisins me libèrent, je cours vers ma fenêtre orange... mais la lumière a baissé, on n'y voit plus rien. Je remets l'appareil dans la sacoche en me promettant de revenir le lendemain.

    Je m'en retourne chez moi sans me presser. Au bord de la place, une voiture grise entreprend de manoeuvrer. Lorsque je prends conscience qu'il y a quelque chose sur le toit de la voiture il est déjà trop tard. Elle a démarré. "Bon c'est une boîte de kleenex" me dis-je tranquillement. Les gens oublient souvent ce genre de choses sur le toit de leur voiture. Et je la regarde s'éloigner en attendant que tombe par terre la boîte de kleenex. Ce qui ne manque pas de se produire. Mais avec un bruit sourd que n'auraient pas fait des mouchoirs. Le coeur battant je comprends alors qu'il s'agit d'un livre. Je le ramasse. Effectivement : c'est un gros volume dans sa boîte en carton. Je l'en sors pour voir le titre et l'auteur.

     

    Ephata

     

    Le Missel De La Vie Chrétienne

     

    Tout de suite je fais de grands signes à l'automobiliste. Mais il est définitivement trop loin.

    "Il va se rendre compte qu'il l'a perdu. Il va revenir" me dis-je en me souvenant que c'était une voiture grise. Et je me mets à tourner sur la place en espérant son retour. Je tourne peut-être un quart d'heure. Mais il ne revient pas. Je rentre sans avoir pris ma photo et avec un livre qui ne m'appartient pas.

    De retour chez moi je cherche dans le missel un nom, une adresse, une dédicace, qui me permettrait d'entrer en contact avec son propriétaire pour le lui rendre. Je n'y trouve qu'un marque-page qui ne me renseigne pas.

    C'est un gros livre à tranche dorée. J'apprends que le missel Ephata se divise en trois volumes. Je détiens le Volume 2 : Carême, Temps pascal, Temps ordinaire 6 à 12. Il manque donc à son propriétaire un tiers de la collection. Cela représente une perte considérable.

    Les jours suivants je raconte autour de moi l'histoire du Livre. Et tout le monde s'accorde à me répondre : "C'est un signe du ciel". Le dimanche, je suis en famille, et dans un état de grâce indescriptible. Et le lundi de Pâques, dans l'après-midi, je me rends à l'église remettre le Livre au prêtre.

    L'église est ouverte. Elle est déserte. C'est la deuxième fois que j'y pénètre. La première fois, c'était quelques jours après la mort de mon ami. Je m'attarde à contempler les vitraux. Je prends quelques photos.

     

    DSCI0001-5

     

    Je m'assieds sur un banc. J'attends. Personne ne vient. J'ai le Livre dans la main et je me demande, vu les circonstances, si je ne dois pas le garder. Puisque il m'est tombé du ciel. Pendant vingt minutes, je déambule très lentement dans les travées, je lis sur une colonne un message de remerciement à ceux qui sont entrés quelle qu'en soit la raison. Un chant religieux accompagne en sourdine mes pas. Mais personne ne vient.

    J'ai tellement attendu qu'il m'apparaît inutile d'attendre plus longtemps la venue du prêtre et je prends le chemin de la sortie. Là, sont placardées les annonces de manifestations chrétiennes. C'est là, que je découvre l'existence du peintre Patrick Marques.

     

      Toiles d'âme

     

     PS - J'ai toujours le Livre et je n'ai jamais pu prendre la photo que j'espérais. Plus jamais les vitres n'ont été orange.

     

    Ubi caritas et amor, Ubi caritas Deus ibi est
    (Là où sont la charité et l'amour, Dieu est présent.)

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