• Savoir vieillir, François Fabié (recueil Ronces et lierres)

    françois fabié Je n'ai pas trop l'habitude, sur ce blog, de publier la poésie "des autres". La littérature étrangère et française regorge de tant d'auteurs et de tant d'oeuvres poétiques ... Pour avoir lu ce poème chez quelqu'un, aujourd'hui, je fais exception à la règle. Il s'agit du poème "Savoir vieillir" écrit par François Fabié, extrait de son recueil "Ronces et lierres". François Fabié, poète régionaliste* français, est né le 3 novembre 1846 au Moulin de Roupeyrac à Durenque dans l'Aveyron ; il est mort le 18 juillet 1928 à La Valette-du-Var dans le Var.

    * En littérature, le régionalisme désigne le regard particulier porté par un auteur sur les paysages, les moeurs, les habitudes d'une région.
    Exemples d'écrivains régionalistes : George Sand (1804-1876), Frédéric Mistral (1830-1914), Henri Pourrat (1887-1959).

     

    .............................

     

    Vieillir, se l'avouer à soi-même et le dire,
    Tout haut, non pas pour voir protester les amis,
    Mais pour y conformer ses goûts et s'interdire
    Ce que la veille encore on se croyait permis.

    Avec sincérité, dès que l'aube se lève,
    Se bien persuader qu'on est plus vieux d'un jour.
    À chaque cheveu blanc se séparer d'un rêve
    Et lui dire tout bas un adieu sans retour.

    Aux appétits grossiers, imposer d'âpres jeûnes,
    Et nourrir son esprit d'un solide savoir ;
    Devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes
    Comme on aima les fleurs, comme on aima l'espoir.

    Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
    Tandis qu'ils vogueront sur les flots hasardeux,
    Craindre d'être importun, sans devenir sauvage,
    Se laisser ignorer tout en restant près d'eux.

    Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
    Prier et faire un peu de bien autour de soi,
    Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
    Chauffant l'un aux tisons, l'autre à l'antique foi,

    Puis un jour s'en aller, sans trop causer d'alarmes,
    Discrètement mourir, un peu comme on s'endort,
    Pour que les tout petits ne versent pas de larmes
    Et qu'ils ne sachent pas ce que c'est que la mort.

     

    Il existe une autre variante pour la fin de ce poème :

     

    Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
    Chauffant l'un aux tisons, l'autre à l'antique foi,

    Puis un beau soir, discrètement souffler la flamme
    De sa lampe, et mourir parce que c’est la loi.

    « La mer à l'assaut du théâtre de la merLe bateau rouge »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 19 Juin 2013 à 18:00
    flipperine
    nous sommes tous appelés à vieillir on ne peut pas être et avoir été c'est la vie
    2
    Mercredi 19 Juin 2013 à 18:12
    Thaddée

    Pas tous. Il y en a qui ne veillissent pas. Ils meurent jeunes ... Bonne soirée Flipperine.

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    3
    Jeudi 20 Juin 2013 à 17:20
    Adam
    Bonsoir Thaddée,
    c'est magnifique et juste qu'on aimerait que ça se passe comme ça. Devenir bon, devenir doux....
    Merci, bises
    4
    Jeudi 20 Juin 2013 à 18:47
    Thaddée

    C'est un poème qui a su m'émouvoir et que j'aime à relire chaque fois que je vais chez cette personne. Il y a tellement de vérités dans ces lignes : rester sur le rivage, réchauffer son corps aux tisons, se laisser ignorer tout en restant près d'eux. C'est un beau regard sur la vieillesse. Bonne soirée Adam, merci pour ta visite !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :