• Dimanche 22 septembre 2013 - 11:35 - Encore mal à la jambe gauche mais dans l'ensemble j'observe une amélioration de mon état (je suis encore sous Lévothyrox 100 ; je ne passe au 75 qu'à partir de mercredi matin). J'ai pu faire les courses avec mon scooter. Mon pauvre vroum vroum, je n'arrivais plus à le tenir mercredi dernier, surtout dans la ruelle en pente du Vingtain dans laquelle, il faut le dire, les piétons en prennent à leur aise en marchant au milieu. De retour, ménage et rangement puis j'ai fait mes comptes. La quatrième et dernière mensualité du scooter devrait être prélevée demain au plus tard. Soulagement, non moins que satisfaction, d'avoir pu me payer mon véhicule sans rien demander à personne. Maintenant il est tout à moi. Bientôt 500km, il faudra lui faire le plein d'huile.

    J'ai acheté deux cahiers au cas où ça me démangerait d'écrire un roman, un récit, un journal, ou quoi que ce soit d'autre. Je les ai rangés en attendant le déclic. La lecture, on le sait, pousse à l'écriture et je me demande bien ce que je vais pouvoir lire maintenant que j'ai lu d'une traite Pétain mon prisonnier et Acquittée. J'ai pas mal de livres non lus dans ma bibliothèque, je n'ai qu'à me servir. Livres donnés ou prêtés par maman. Acquittée, c'était le cadeau de Noël de ma soeur l'année dernière. Il n'y aura plus de Noël avec ma soeur. Il n'y aura plus de cadeau. J'en éprouve évidemment de la tristesse ; mais ce qui l'emporte c'est la colère. Je ne supporterai pas un jour de plus qu'elle me reprenne et qu'elle me jette comme on ferait d'une vieille chose sans âme.

    Je souffre, dans chacune de mes fibres, de n'être pas plus en phase avec ma famille. Si j'avais quelqu'un dans ma vie, si j'avais des enfants ce serait différent. Mais là c'est ma seule famille et je dois bien admettre que ce n'est plus comme avant. Comme avant quoi d'ailleurs ? - Je ne sais pas vraiment. Peut-être est-ce moi, aussi, qui ai pris mes distances, histoire de m'affirmer dans mon coin.

    Je ne sais pas.

    Quoi qu'il en soit, rien ne m'empêchera de les aimer, parce qu'ils font partie de ma vie (ou plutôt de moi) c'est comme ça, je n'y peux rien changer.

    Peut-être est-ce moi qui me fais des idées. Peut-être la religion n'est-elle pas ce barrage qu'il me semble avoir vu se dresser entre moi et chacun d'eux. Sans doute m'aiment-ils encore même si je n'épouse pas leurs convictions. Mais forcément la foi des uns contre mon agnosticisme à moi, cela n'engage plus guère aux complicités d'autrefois. Quand ils disent "je crois" moi je pense je ne sais pas. On n'est plus, on n'est pas sur la même longueur d'ondes.

    Je n'ai pas remis les pieds dans une église depuis Noël 2011.

    13:10 - J'entreprends de lire Sac d'os de Stephen King. J'aime beaucoup Stephen King, ma préférence allant à son roman Misery, huis-clos oppressant entre un écrivain maintenu en captivité par une de ses fans complètement détraquée. Les quelques lignes de Philippe Dufay (Madame Figaro) au dos de Sac d'os affirment qu'il s'agit là du chef-d'oeuvre du King. On verra ... s'il détrône Misery.

    16:15 - Une histoire de maison et de fantôme ...


    2 commentaires
  • Samedi 21 septembre 2013 - 06:00 - Le dos, les bras me brûlent. Je prends mon Lévothyrox. Je me fais chauffer l'eau du thé. Tout compte fait je me recouche. Il semble que même les nuits à rallonge ne parviennent pas à me réparer.

    09:50 - Mal dans les pattes comme une vieille carne. Essoufflement. Les épaules brûlées. Le moindre geste me coûte surtout quand il me faut prendre et soulever quelque chose. Une douleur brûlante me lamine les bras. Ma plus grande crainte étant de sombrer dans la dépression. C'est la question, d'ailleurs, que m'ont posée les doctoresses et la pharmacienne : "Et la moral ça va ? " - Jusqu'alors j'ai répondu que oui. Mais je sens bien que non.

    Je viens de m'apercevoir que je vais bientôt manquer de papier brouillon, alors là c'est la tuile. D'autant plus que j'ai l'idée fixe de commencer à écrire quelque chose, je ne sais pas encore quoi, mais ça me tarabuste rudement surtout que là, j'ai du temps.

    14:45 - J'ai répondu à la plupart des commentaires et recommencé à visiter les blogs amis. Gros coup de pompe, je dois arrêter pour quelques heures. Je n'arrive plus à me concentrer.

    15:15 - En voyant plein de cartes postales sur un blog je me dis qu'on a de la chance, quand même, de pouvoir aller n'importe où, d'être libre de ses mouvements. Je me rappelle qu'en Israël, plus précisément au kibboutz Ein Gedi, mon ami Ofir me disait qu'il ne pouvait pas : il avait des années et des années de service militaire obligatoire à tirer, et puis de toute façon pas d'argent pour voyager. Il n'avait même pas le droit de poser son fusil par terre. Il me faisait parler de la France, c'était la seule évasion possible. Je ne sais pas s'il vit encore à l'heure actuelle. Moi, toutes proportions gardées, j'ai la chance de vivre en France. Je suis libre d'aller et venir à ma convenance, il suffit juste d'économiser pour m'offrir quelques déplacements. J'ai le projet de retourner à Annecy aux premiers mois de l'année prochaine, après mon opération ; j'irai voir les jardins secrets en Haute-Savoie dans le village de Vaulx, entre Annecy et Aix-les-Bains. Il faut que j'aille aussi voir la ferme aux crocodiles à Pierrelatte.

     

         jardinssecrets.jpgfermeauxcrocodiles2.jpg

    Les jardins secrets (Vaulx) / la ferme aux crocodiles (Pierrelatte) - images du Net

     

    Je veux me rendre à Lourdes et découvrir la Rochelle dont les photos me font rêver depuis que j'ai quinze ans. J'irai partout où je peux car il arrive un âge où l'on ne peut plus bouger de chez soi. Mieux vaut faire provision de souvenirs tant qu'il est temps. Ne dit-on pas "ce qui est fait n'est plus à faire". Outre ces envies de voyages et de séjours loin de chez moi je garde en tête l'idée bien arrêtée de m'installer ailleurs. Ca pourrait se faire d'ici deux ans pour une raison que je n'évoquerai pas ici, mais qui pourrait bien me décider à laisser mon travail et mon appartement pour en trouver d'autres sur la Méditerranée.

    Ce qui me fait penser à quelque chose de bien étrange ... Ma doctoresse ne m'a-t-elle pas dit que l'iode risquait de rendre plus sensible qu'elle ne l'était mon hyptothyroïdie ; auquel cas me disait-elle il faudrait augmenter le dosage de Lévothyrox. J'ai été trois fois à Sète depuis le début de l'année. L'air marin, je l'ai respiré. Or je ne suis pas plus hypothyroïdique pour autant. Loin s'en faut puisque j'ai basculé dans un épisode hyperthyroïdique.

    C'est à n'y rien comprendre. Alors autant faire ce que je veux sans me poser de questions. On verra bien après.

    De plus en plus souvent les gens me disent : "vous valez mieux que ce que vous faites", "pourquoi faites-vous ce travail, vous pourriez trouver mieux, vous m'avez l'air d'avoir fait des études". J'objecte que j'aime ce travail, je le préfère à tout autre car il me permet de faire des rencontres et de connaître les gens dans leur intimité. Le fondement de ce métier c'est le rapport humain. Ceci étant, il me faut bien avouer que c'est un métier fatiguant, tant du point de vue psychologique que physique. Et je ne pourrai peut-être pas le faire encore longtemps, surtout si la Sécu se mêle de mes arrêts de travail. On peut m'empêcher d'exercer ce métier sous prétexte que j'ai une santé fragile. Et alors je n'aurai plus qu'à me réorienter sur un autre boulot où j'enterrerai mon coeur.

    Autant partir.

    Le truc : il me faudrait vivre de ma littérature. Mais je ne suis pas Stephen King. Ou bien vivre de la littérature des autres en fondant ma propre maison d'édition. Ne voilà-t-il pas que ça me reprend ce vieux rêve d'indépendance ...

    Il me faut bien avouer que je suis trop faible en ce moment pour savoir où j'en suis et ce que je veux. D'ailleurs je n'ai pas envie de tout bazarder, je sais combien ça coûte d'avoir à reconstruire sa vie. Juste, je tire des plans sur la comète. L'essentiel pour l'instant étant de me remettre à l'écriture d'un livre, n'importe quel livre, pourvu que j'aille au bout.


    3 commentaires
  • Vendredi 20 septembre 2013 - Mal aux reins c'est affreux. Je finis de lire Pétain mon prisonnier, titre sous lequel Pierre Bourget a rassemblé les notes écrites de son geôlier Joseph Simon. Cinq ans de captivité pour un vieillard qui divague en fin de vie. Qui était le prisonnier de qui ? - Ma préférence - qui s'affirme au fur et à mesure que je prends de l'âge - va spontanément vers ce genre de récits qui n'ont pour fil que la trame un peu décousue de la vie, fragments de vie rapportés dans des carnets, des cahiers, sur des feuilles volantes. Pas trop les biographies, les autobiographies, trop construites à mon goût, trop bien réfléchies, qui souffrent d'un recul trop important. Mais de ces journaux intimes immergés dans le vif, nés presque par hasard d'un besoin viscéral d'écrire au jour le jour et d'un désir irrationnel d'archiver, dans l'idée que ce dont on a laissé la trace consiste en un témoignage incontournable sur l'Histoire, sur son histoire, sur l'histoire d'un amour trahi. On se souviendra de mon émotion, de mon enthousiasme à l'endroit du récit de Françoise Massin, Elle ... lui ... du virtuel au réel ... une passion avortée. Ici, on est dans le vif, on est dans le vrai, et c'est, je crois, tout ce qui compte. N''est-ce pas ce que je visais dans le ton ânnonant de mes Fragments.

    Dans l'après-midi je ne tiens plus en place (symptôme classique de l'hyperthyroïdie). Malgré la douleur et la fatigue je débarrasse mon coin bureau de tout ce qui l'encombre et gêne le passage. J'y passe une heure ou deux, époussetant, ramassant des pelles de moutons. Je range.

    Après coup, baisse de moral. Nous aurions pu faire tant de choses ensemble. Oh des choses simples égard à ta maladie. Dînettes improvisées sur le tas, peut-être assis par terre autour d'un thé servi sur un carton recouvert d'un napperon. Tu me manques. Existe-t-il, au monde, un homme insolite comme toi ? - Je me mettrais bien en chasse d'un compagnon qui accepterait de partager de bons moments avec moi, des moments forts, rien que des moments. Même pas pour coucher. Je ne couche plus depuis qu'on s'est quitté. Je n'ai toujours pas trouvé la force de te tromper.

    J'allais oublier : la froideur et l'indifférence de mon entourage me font penser qu'on ne sait pas bien ce que c'est d'être malade de la thyroïde. Etre malade de la thyroïde s'apparente, à quelque chose près, à de la régression. Je ne vis qu'en fouillant mes souvenirs comme si je fouillais avec l'avidité d'un voleur les affaires personnelles de quelqu'un d'autre. J'ai lu un livre hérité de mon père. J'ai relu des cartes postales écrites en 82 à ma grand-mère. J'ai recherché des bagues ayant appartenu à mes grands-parents. Je vis avec les morts, avec les miens. J'embrasse la photo de ma première minette, de mon petit perroquet. Je caresse avec impuissance la photo que j'ai prise de toi sous le mur écroulé du fort de Loyasse. J'aimais avec tendresse, à l'infini, la minceur affaissée de ton visage. Pourquoi m'as-tu menti ? - Tu le savais bien, au fond de toi, qu'il te restait peu de temps à vivre.

    Le soir, j'entame la lecture du récit d'Alexandra Lange, Acquittée, Je l'ai tué pour ne pas mourir. Fringale insatiable de lectures tous azimuts. J'ai retrouvé dans la journée la moitié d'une feuille volante sur laquelle j'avais tracé l'esquisse d'un poème :

    Vos religions d'argile / A genoux sur des os / Ne sont pas plus fragiles / Qu'un partage des eaux.

    (non daté)

    Religion toujours. Avec le sentiment profond que ce sujet-là, particulier, devrait rester privé pour ne point faire de vagues et de blessés. J'aurais aimé ne pas savoir que mon frère, ma mère, ma soeur et ma petite soeur ... Et maintenant la religion nous sépare. Je sens comme une distension ... Mais faut-il revenir là-dessus. Là, ne sont que souffrance et résignation. Tout ça pour dire, les religions préhistoriques valaient bien la catholique. Et quoi qu'on en dise, elles participent encore aujourd'hui aux sacrifices humains.

    Et puis dans un tout autre ordre d'idée, je remarque avec la plus grande impatience les tics et clichés des médias qui non contents de nous bassiner avec des émissions culinaires manquent singulièrement d'imagination et de créativité pour nous faire la pub de tout ce qu'ils vendent.

    Ainsi, les films les plus en vue sont tous "tendres, drôles et émouvants". Les animations, les festivals, sont des moments "festifs". Y'a pas mal de choses qui sont en marche aussi : "un concours extraordinaire est en marche", "une révolution est en marche". Et le top du top c'est la goût "généreux" des pâtisseries, sans compter l'inénarrable "onctueux en bouche", "frais en bouche" : diantre, dans quelle autre partie du corps voudrait-on donc que ce le soit .


    3 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique