Samedi 21 septembre 2013 - 06:00 - Le dos, les bras me brûlent. Je prends mon Lévothyrox. Je me fais chauffer l'eau du thé. Tout compte fait je me recouche. Il semble que même les nuits à rallonge ne parviennent pas à me réparer.
09:50 - Mal dans les pattes comme une vieille carne. Essoufflement. Les épaules brûlées. Le moindre geste me coûte surtout quand il me faut prendre et soulever quelque chose. Une douleur brûlante me lamine les bras. Ma plus grande crainte étant de sombrer dans la dépression. C'est la question, d'ailleurs, que m'ont posée les doctoresses et la pharmacienne : "Et la moral ça va ? " - Jusqu'alors j'ai répondu que oui. Mais je sens bien que non.
Je viens de m'apercevoir que je vais bientôt manquer de papier brouillon, alors là c'est la tuile. D'autant plus que j'ai l'idée fixe de commencer à écrire quelque chose, je ne sais pas encore quoi, mais ça me tarabuste rudement surtout que là, j'ai du temps.
14:45 - J'ai répondu à la plupart des commentaires et recommencé à visiter les blogs amis. Gros coup de pompe, je dois arrêter pour quelques heures. Je n'arrive plus à me concentrer.
15:15 - En voyant plein de cartes postales sur un blog je me dis qu'on a de la chance, quand même, de pouvoir aller n'importe où, d'être libre de ses mouvements. Je me rappelle qu'en Israël, plus précisément au kibboutz Ein Gedi, mon ami Ofir me disait qu'il ne pouvait pas : il avait des années et des années de service militaire obligatoire à tirer, et puis de toute façon pas d'argent pour voyager. Il n'avait même pas le droit de poser son fusil par terre. Il me faisait parler de la France, c'était la seule évasion possible. Je ne sais pas s'il vit encore à l'heure actuelle. Moi, toutes proportions gardées, j'ai la chance de vivre en France. Je suis libre d'aller et venir à ma convenance, il suffit juste d'économiser pour m'offrir quelques déplacements. J'ai le projet de retourner à Annecy aux premiers mois de l'année prochaine, après mon opération ; j'irai voir les jardins secrets en Haute-Savoie dans le village de Vaulx, entre Annecy et Aix-les-Bains. Il faut que j'aille aussi voir la ferme aux crocodiles à Pierrelatte.
Les jardins secrets (Vaulx) / la ferme aux crocodiles (Pierrelatte) - images du Net
Je veux me rendre à Lourdes et découvrir la Rochelle dont les photos me font rêver depuis que j'ai quinze ans. J'irai partout où je peux car il arrive un âge où l'on ne peut plus bouger de chez soi. Mieux vaut faire provision de souvenirs tant qu'il est temps. Ne dit-on pas "ce qui est fait n'est plus à faire". Outre ces envies de voyages et de séjours loin de chez moi je garde en tête l'idée bien arrêtée de m'installer ailleurs. Ca pourrait se faire d'ici deux ans pour une raison que je n'évoquerai pas ici, mais qui pourrait bien me décider à laisser mon travail et mon appartement pour en trouver d'autres sur la Méditerranée.
Ce qui me fait penser à quelque chose de bien étrange ... Ma doctoresse ne m'a-t-elle pas dit que l'iode risquait de rendre plus sensible qu'elle ne l'était mon hyptothyroïdie ; auquel cas me disait-elle il faudrait augmenter le dosage de Lévothyrox. J'ai été trois fois à Sète depuis le début de l'année. L'air marin, je l'ai respiré. Or je ne suis pas plus hypothyroïdique pour autant. Loin s'en faut puisque j'ai basculé dans un épisode hyperthyroïdique.
C'est à n'y rien comprendre. Alors autant faire ce que je veux sans me poser de questions. On verra bien après.
De plus en plus souvent les gens me disent : "vous valez mieux que ce que vous faites", "pourquoi faites-vous ce travail, vous pourriez trouver mieux, vous m'avez l'air d'avoir fait des études". J'objecte que j'aime ce travail, je le préfère à tout autre car il me permet de faire des rencontres et de connaître les gens dans leur intimité. Le fondement de ce métier c'est le rapport humain. Ceci étant, il me faut bien avouer que c'est un métier fatiguant, tant du point de vue psychologique que physique. Et je ne pourrai peut-être pas le faire encore longtemps, surtout si la Sécu se mêle de mes arrêts de travail. On peut m'empêcher d'exercer ce métier sous prétexte que j'ai une santé fragile. Et alors je n'aurai plus qu'à me réorienter sur un autre boulot où j'enterrerai mon coeur.
Autant partir.
Le truc : il me faudrait vivre de ma littérature. Mais je ne suis pas Stephen King. Ou bien vivre de la littérature des autres en fondant ma propre maison d'édition. Ne voilà-t-il pas que ça me reprend ce vieux rêve d'indépendance ...
Il me faut bien avouer que je suis trop faible en ce moment pour savoir où j'en suis et ce que je veux. D'ailleurs je n'ai pas envie de tout bazarder, je sais combien ça coûte d'avoir à reconstruire sa vie. Juste, je tire des plans sur la comète. L'essentiel pour l'instant étant de me remettre à l'écriture d'un livre, n'importe quel livre, pourvu que j'aille au bout.