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    Souveraine de l’amour

    Aphrodite
    au beau masque hermétique
    entends-tu entends-tu
    ma supplique ?


    En ton royaume
    où j’ai brûlé mes ailes
    (est-ce que c’était pour lui
    est-ce que c’était pour elle ?)
    me revient des temps morts
    sa musique,
    oh, j’aimais tant danser.


    Aphrodite ma reine
    au doux regard
    passé
    tant de regrets m’habitent
    entends mon cœur blessé
    qui bat un peu trop vite.


    J’ai soif
    d’aimer.


    © 31.07.09 Collapsus, TS


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  • Merci, Tibicine, de m'avoir écrit une critique détaillée de mon récit "Fragments d'une vie brisée". Critique qui me donne l'occasion de revenir sur la naissance du livre, il y a bien longtemps, en 1995. Il est né, je l'ai souvent répété sur mes blogs successifs, de quatre ou cinq lignes lues dans Les Guides Bleus de Grèce. J'y découvris l'existence et les conditions de vie des mineurs du Laurion. Ces quelques lignes s'imprégnèrent en moi si fort que je me sentis dans l'obligation d'écrire sur le sujet.

    Je ne reviendrai pas sur le travail de recherches effectuées des années durant dans les livres, ensuite sur Internet. Par contre, je souhaiterais revenir sur la toute première version des "Fragments". A cette époque déjà, je voulais être à l'intérieur de mon personnage. Je voulais être lui. Ce n'était plus un personnage de roman. C'était moi.

    Mais encore, il me fallait traduire au coup par coup ses sensations, ses sentiments, ses pensées, tandis qu'il entrait dans sa nouvelle vie de mineur du Laurion. Et là, problème. Est-ce qu'on pense avec des mots ? Est-ce qu'on sent avec des mots ? ... Est-ce qu'on souffre, avec des mots.

    La première version du récit ne fut qu'un cri articulé. Et un cri articulé n'est pas littéraire.
    Alors je réécrivis le livre, une fois, deux fois, maintes fois je le repris jusqu'à sa version finale et définitive.

    On pourra, effectivement, s'étonner de ce parti pris. N'eût-il pas été plus simple de traiter cette histoire à la manière d'un roman traditionnel, avec des personnages, un suspense, une véritable histoire, quoi. Pourquoi m'embêter à vivre dans sa tête et dans sa peau comme dans une prison irrespirable ? Pourquoi est-ce que je me laisse faire ? Pourquoi est-ce que je ne me révolte pas ? Pourquoi est-ce que je ne me lie pas avec des camarades ? Pourquoi, pourquoi... Pourquoi.

    Je suis seul et désespéré. Tout en moi gémit. Je suis : sans secours, dans une situation : sans issue. Tous les jours sont les mêmes. Hier, demain, n'existent pas. Les autres existent-ils ? Je suis la masse informe et condamnée de vingt mille esclaves qui triment et qui meurent sans savoir qui ils sont.

    Je m'appelle Sans-Nom.

    Je ne peux pas m'en sortir, à moins de mourir. J'ai très peur d'aimer, je ne veux pas souffrir plus que je ne souffre déjà. Je ne connais que la souffrance, la fatigue, la solitude, la désespérance, et la colère. Toutes mes forces, je les concentre aux seules fins de survivre et de retrouver ma vie d'avant.

    Aujourd'hui, si je devais écrire les "Fragments", je ne les écrirais pas comme ils furent écrits. Ça me serait impossible de refaire ce chemin dans la peau de mon esclave. Il me faudrait sans doute instaurer une distance entre lui et moi. Mais alors... ce livre n'existerait pas. J'affirme qu'il ne pouvait être écrit qu'ainsi, à la première personne du singulier, dans le dénuement presque irréel de l'épreuve physique et morale. Ne pouvait être, non pas qu'un monologue, même si j'ai dû avoir recours à des mots pour lui donner vie, mais ne pouvait être qu'un témoignage, autant que j'ai pu témoigner en son nom de ce qu'il a enduré. Je ne fus que l'instrument dont il se servit pour raconter son calvaire. Son coeur, son regard, sa voix, c'était moi. Ou plutôt... mon coeur, mon regard, ma voix, dans ces moments-là, c'était lui. Il me parlait voyez-vous. Il m'habitait. Il m'habite encore, à croire que son histoire n'est pas terminée, qu'il a besoin de moi pour rapporter la suite.

    Une de mes lectrices m'a dit :" tu lui dois d'écrire la suite".

    Mais tant d'années sont passées depuis son premier cri, qu'il me semble aujourd'hui ne plus pouvoir écrire.


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