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    Publié = Oublié

    Si ça ne tenait qu'à un fil ?

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    Publier sur les blogs - Souvent je me suis répété : littérature de gare, littérature de blog c’est pareil. Une sorte de sous-littérature qu’on ne lirait que dans ses moments perdus, pour se distraire et surtout pour passer le temps. Ce qui semble justifier cette pensée, sans aucun doute présente dans l’esprit de bien des gens, c’est le fait qu’on ne trouve pas cette littérature en librairie. Ces poèmes, ces nouvelles, ces romans, ne sont pas publiés. Ils n’ont pas intéressé l’édition.

    J’ai vu certains blogueurs présenter leur littérature comme telle : elle n’est pas assez bien pour être publiée, dont je la mets sur mon blog (parce que je veux qu’on la lise quand même).

    Publier sur les blogs c’est en effet ce qu’il y a de plus direct : on atteint le lecteur tout de suite sans passer par les sacro-saintes étapes de l’édition. C’est aussi ce qui revient le moins cher.

    Prétendre publier un ouvrage, ce n’est pas donné. Il faut du temps et de l’argent. Du temps pour relire et préparer son manuscrit. Du temps et de l’argent pour en faire plusieurs copies qu’on enverra en recommandé avec AR aux maisons d’édition préalablement sélectionnées (ça aussi ça demande un temps fou, il y en a tellement qu’on ne sait plus où donner de la tête). Et tout ceci en sachant qu’on va essuyer autant de refus qu’on a posté de tapuscrits.

    Quand on n’a pas le temps, quand on n’a pas d’argent : qu’est-ce qui reste ? – Les blogs.

    On publie à son rythme et sans débourser un centime. Il faut bien sûr avoir « assuré » son livre avant de le mettre en ligne, c’est à dire déposer un copyright en bonne et due forme auprès de CopyrightFrance ou autre, ce qui le garantit contre la copie et le plagiat. A partir de là on touche un lectorat plus ou moins important, plus ou moins intéressé, plus ou moins lucide et sincère dans ses critiques – mais les professionnels seuls sont-ils habilités à juger nos livres ?

    Publier sur les blogs, c’est tout ce que ma littérature mérite : bien des blogueurs en sont convaincus.

    Mais publier sur les blogs c’est s’astreindre à présenter sur la toile, si possible, un manuscrit qui se tient, c’est à dire revu et corrigé. Pas un de ces brouillons qu’on finit par oublier dans un vieux cartable, mais un livre à part entière, un livre tel qu’on l’enverrait aux maisons d’édition. La seule différence c’est qu’on le destine au petit cercle de ses blogpotes plutôt qu’à d’inflexibles jurys.

    Publier sur les blogs, c’est tout ce qui nous est permis de nos jours. Ça ne signifie pas que notre littérature ne vaut rien.

    Après… se faire un nom sur les blogs ce n’est peut-être pas le top. Sûr qu’il vaut mieux se faire un nom chez Gallimard.

    Quoique.

     

    couv-products-16087L’auto-édition - A ne pas confondre avec l’édition à compte d’auteur. L’auto-édition (comme son nom l’indique) revient à tout faire tout seul de A à Z : correction du manuscrit, mise en page, on décide même du prix de son ouvrage, etc. Comme on ne voit pas l’intégralité du produit fini sur l’écran de son ordinateur, avant de le publier et de le faire paraître dans le catalogue il vaut mieux en commander un exemplaire pour s’assurer que tout est OK (lisibilité de la Police, numérotation des pages, etc.). Évidemment si l’on est amené à commander plusieurs exemplaires (à des fins de vérification) cela peut devenir onéreux… non moins que fastidieux. On n’est pas des Professionnels du Livre.

    Les pour : c’est évidemment bien plus rapide que l’édition traditionnelle. On est seul juge de ce qu’on écrit, de ce qu’on publie. Les livres sont fabriqués en fonction de la demande : donc pas de gaspillage papier (c’est la formule écologique ! ). On peut revenir à l’infini sur la présentation du livre et même sur son contenu. On peut, au choix, le faire paraître ou non dans le catalogue. C’est aussi le moyen de se faire lire par son entourage proche : famille, amis, blogpotes. Ceux qui ont acheté l’ouvrage peuvent le transmettre autour d’eux, ainsi tourne la roue. Ça me paraît être un bon tremplin pour tenter d’accéder à l’édition traditionnelle sans pour autant la rendre plus accessible.

    Les contre : dès que l’ouvrage n’apparaît plus sur le portail de TheBookEdition (par exemple) il y a fort peu de chances pour qu’on aille vous chercher parmi les milliers d’autres ouvrages auto-édités. Vous retombez dans l’anonymat le plus absolu. La diffusion de l’ouvrage reste donc très limitée. C’est ce qui est arrivé à mon récit Fragments d’une vie brisée auto-édité chez TheBookEdition. Pire avec Crypties dont je n'ai vendu que deux exemplaires. C’est aussi courir le risque de se faire voler son texte, qu’un autre auto-éditera (ou réussira à publier ! ) sous un titre différent. Il ne faut pas sous-estimer les risques de pillage qui sévissent sur la toile.

     

    La MeurtrièreL’édition à compte d’auteur – A proscrire absolument. C’est ruineux. La présentation de l’ouvrage est bâclée : par exemple le titre de l’ouvrage et le nom de l’auteur n’apparaissent pas sur sa tranche. J’ai moi-même commandé un livre publié à compte d’auteur : il était amputé d’une trentaine de pages. Promotion de l’ouvrage : néant. L’ouvrage n’est pas diffusé en librairie à moins de démarcher, dans son quartier, une ou deux librairies susceptibles de mettre en rayon quelques exemplaires. Sa diffusion restant très locale et ne bénéficiant d’aucune publicité, l’ouvrage n’a guère de chance d’être acheté pour être lu. Les centaines de tirages que vous aurez payées à prix d’or se retrouvent immanquablement au pilon. C’est le triste destin qu’a connu mon roman La Meurtrière édité à compte d’auteur par L’Académie Européenne du Livre.

     

    Dans tous les cas, ne jamais omettre d’assurer son manuscrit en effectuant un dépôt horodaté auprès d'un Huissier de Justice qui fera valoir vos droits d’auteur en cas de litige.

    Une formule économique et fiable existe : elle consiste à s’envoyer à soi-même un exemplaire de l’ouvrage en recommandé avec accusé de réception et ceci, bien sûr, avant de diffuser le dit ouvrage sous quelque forme que ce soit (le cachet de la Poste faisant foi). Surtout, ne pas ouvrir l’enveloppe !


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  • Après avoir lu cet article, vous ne me verrez plus jamais comme avant. Sauf si j'étais déjà dingue à vos yeux.

    C’était je crois bien mardi ou mercredi dernier entre 21 :00 et 21 :30. Les soirées sont encore tièdes, huit jours en arrière. Il fait bon flâner sur l’esplanade en fumant une dernière cigarette. On y domine la ville, tellement scintillante qu’on la dirait cousue de guirlandes. La vue, d’ici, est à couper le souffle. Tard le soir on n’aperçoit plus les montagnes ni le fleuve et la rivière, juste les bâtiments éclairés, les rues et les ponts. Cette ville qui ne dort pas encore, c’est une ville en or.

    Sur la gauche on voit très nettement le Crayon, rouge le jour, qui se trouve être la tour du Crédit Lyonnais. Il n’y a rien, dans cette ville, de plus haut que le Crayon. Normalement il n’y a rien qui soit au-dessus du Crayon.

    Sauf ce soir, fin septembre 2010.

    Ça me tire l’œil tout de suite, dès que j’arrive sur l’esplanade : au-dessus du Crayon, sur sa droite, il y a cet objet rectangle illuminé complètement immobile.

    Je répète : un objet rectangle illuminé complètement immobile.

    Je vous jure qu’à sa vue mon cœur se serre. Je m’arrête, incrédule, en murmurant : « Qu’est-ce que c’est que ça. »

    Je regarde autour de moi comme si je pouvais trouver la réponse sur l’esplanade obscure et déserte. Puis je regarde à nouveau dans la direction du Crayon : la chose est toujours là. Rectangle et dorée, complètement immobile.

    Ça ne peut pas être la lune : c’est rectangle et très grand.

    Ça ne peut pas être un bâtiment : il n’y a rien qui soit aussi haut que le Crayon.

    Ça ne peut pas être un hélicoptère ou un avion puisque ça ne bouge pas.

    Ça ne fait aucun bruit.

    C’est immense. Égal à la moitié d’un immeuble.

    Je m’approche tout au bord de l’esplanade au-dessus du vide en rivant les yeux sur l’objet pour essayer de déceler un mouvement, quelque chose qui puisse enfin me faire comprendre ce que c’est. Mais ça ne bouge pas. C’est comme un vaisseau brillamment éclairé, dans le ciel, à la pointe (ou presque) du Crayon.

    Je reste là, plusieurs minutes, à contempler cette chose, la tête et le cœur traversés d’une vague de froid, je crois que c’est de la peur, peur de l’inconnu, peur de voir ce que personne d’autre ne voit (la ville est si tranquille) peur que quelque chose m’arrive pour avoir vu quelque chose qu’il ne fallait pas voir.

    Je fais lentement le tour de l’esplanade en me retournant à chaque pas, quand, presque imperceptiblement, la chose entre dans les nuages et s’éteint derrière.

    Je m’arrête et j’attends de la voir réapparaître mais elle ne réapparaît pas.

    Surplombant l’esplanade il y a ce petit parc où discutent à voix basse deux ou trois jeunes mecs accoudés sur le mur. Ils ont une vue imprenable sur la ville et le Crayon. Ils ont dû voir la chose. Ils devraient être en alerte mais l’un d’eux téléphone : je crois me rappeler qu’il parlait de manger.

    Longtemps, sur le chemin du retour, je me retourne. Malgré moi je guette sa réapparition, presque je l’espère, ne serait-ce que pour me convaincre de n’avoir pas rêvé. Je scrute l’obscurité du ciel, l’épaisse densité des nuages, et je ne vois rien, je n’entends rien qui m’éclaire sur ce que j’ai vu, qui seulement me confirme que j’ai bien vu ce que j’ai cru voir.

    Je rentre, un grand trouble dans le coeur, à me demander ce qui peut bien se passer à partir de maintenant.

    Le lendemain soir j’y retourne : au-dessus du Crayon il n’y a rien.

     

    David Vincent les a vus. Moi aussi.  


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  • Ce soir j’ouvre une Rubrique intitulée Petits mystères au quotidien parce que la vie est pleine de surprises et le monde rempli de choses qu’on n’a jamais vues. Je suis peut-être inculte, mais ce matin c’est la première fois que je voyais… ce que j’ai vu.

    07:50. Temps humide, il fait à peine jour. Je me rends chez Lata comme tous les mardi matin. J’ai du mal à émerger : les changements brusques de température ( de 17 à 27 sans transition) les averses orageuses, le travail physique, les trajets à pied, les soucis persos (qui n’en a pas) me font dormir comme un loir et le réveil, c’est dur.

    Je prends l’escalier de pierre qui descend vers l’immeuble de Lata et dans la seconde volée de marches soudain je m’arrête.

    Je viens d’apercevoir un jouet sur la troisième marche : c’est un lézard en plastique d’au moins vingt centimètres, noir et jaune, très brillant. Il me vient tout de suite à l’esprit qu’un enfant l’a perdu et je l’enjambe délicatement pour ne pas risquer de l’abîmer. Je me retourne et là j’en vois un deuxième.

    Deux jouets identiques, d’un noir luisant caoutchouteux tranché de jaune d’or. De vraies merveilles. Je me penche dessus pour mieux voir, ignorant le vague pressentiment qui commence à poindre au fond de moi. Je me dis que je vais les prendre tous les deux et les rapporter à la maison.

    Je ne sais ce qui me retient de les toucher. Il me semble, et c’est plus qu’une impression, que le second me regarde. Il me fait face, il est complètement immobile et ses yeux noirs me fixent.

    Je commence à peine à comprendre… le premier jouet se met en marche.

    De saisissement je me rejette en arrière et je le suis des yeux tandis qu’il se déplace en direction du sapin sur ma gauche. Il est très lent et très maladroit, pas du tout comme un lézard. Il est bien rond, sa queue prolonge solidement le corps. Il n’a pas ce côté vif et fragile des petit lézards gris que je connais et qui se cachent dans les fissures des murs.

    Le second s’est mis en branle à son tour. Il avance vers moi, tout engourdi, une patte après l’autre, au ralenti. Il a de grosses pattes et plus je les observe tous les deux plus je les trouve beaux.

    L’indignation s’empare de moi à la pensée qu’un individu les a sûrement pris dans leur pays d’origine pour les apporter ici avant de s’en débarrasser parce qu’ils sont sales ou dangereux ou susceptibles de devenir trop gros. Après tout c'est peut-être des bébés... de je ne sais quoi ! Le doute s'insinue en moi. Ils sont tellement « exotiques ». Ils viennent certainement de très loin. Peut-être d’Afrique.

    A regret je me dis qu’on va les écraser, là, sur les marches. Ou les tuer intentionnellement parce qu’ils font tache dans le décor. Ou bien encore ils mourront de froid ou de faim si ce n’est pas de peur.

    Mais Lata m’attend. Je dois y aller.

    La tête encore toute retournée par ce que j’ai vu je lui fais part de ma découverte. Dans mon excitation je parle aussi des crocodiles et des dinosaures. Alors Lata prend un vieux livre et me montre des images de lézards en me demandant : « Est-ce qu’il ressemblait à ça ? ». Je fais non avec la tête, je tourne les pages. On arrive au chapitre des crapauds sans que je comprenne pourquoi.

    Les amphibiens ? … Ça veut dire quoi ?

    « Je crois que c’était une salamandre » me dit Lata qui m’annonce dans la foulée : « il y en a même des géantes d’un mètre vingt ». Moi, partant à rire, de lui répondre : « S’il y a des salamandres d’un mètre vingt dans le quartier je préfère le savoir. Je ne voudrais pas tomber nez à nez avec un monstre à huit heures du matin».

     

    Vérification faite sur Internet, ce soir, c’étaient bien des salamandres. Elles ne sont pas du tout exotiques, ce sont de bonnes vieilles salamandres bien de chez nous. Sauf que c’est la première fois que j’en voyais.

    Détails et photo sur le site que j'ai consulté  (ici) si vous voulez en savoir plus (mais la plupart d’entre vous doivent très certainement en savoir plus que moi).

    Juste un truc avant de clore le chapitre des jouets jaune et noir : fut un temps on pensait que les salamandres étaient incombustibles et vivaient dans le feu.

     

    PS : ce que je regrette de ne pas avoir pris mon appareil photo ! 

     

     


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